Carnet de Voyage – Marie-France Roy

(De la série d’articles Carnet de Voyage)

L’ouest, Terre promise pour les riders? SBQ tente à sa façon d’élucider la question une fois pour toutes en vous offrant des carnets de voyage de personnes qui ont vécu ce trippe à leur façon bien particulière.

Présenter Marie-France Roy est une tâche en soi. Bien que beaucoup de choses aient été écrites à propos d’elle, il en reste encore beaucoup à raconter. Ainsi, MFR a accepté de participer à nos carnets de voyage, l’équipe de SnowboardQuebec.com a recueilli ses confidences avec joie!

D’autres ont déjà décrit MFR comme une vraie passionnée, une fonceuse qui feraient absolument tout pour l’amour de son sport. Son premier départ est à la hauteur de sa réputation : « J’ai conduit de Québec à Whistler avec ma vieille VW Jetta 87 et j’ai dormi dedans tout l’été. J’peux même pas raconter tout ce qui c’est passé pour moi cet été là tellement que c’était intense. Vu que j’allais au cégep, j’me devais de travailler à tous les jours pour pouvoir retourner à l’école. Je suis partie de Québec avec 300 $ »

Mais Marie-France n’est pas qu’une fille fonceuse; c’est aussi une fille de coeur pour qui revenir à sa maison située sur l’île de Vancouver signifie aussi retrouver ses poules, son jardin, mais surtout le confort d’être dans ses affaires. Et même si elle affirme que son chez elle se situe maintenant définitivement sur l’île, elle avoue qu’il est difficile de laisser sa famille et qu’elle s’ennuie beaucoup de son frère, ses parents ainsi que ses amis.

Même si MFR a décidé de faire de l’ouest sa terre d’accueil, ce n’est pas parce que son premier voyage a été paradisiaque! Loin de là: «Après 3 semaines à Whistler, je n’avais toujours pas de job, plus d’argent, pas d’adresse ni cellulaire, un anglais qui n’était vraiment pas riche (ça n’aide pas la recherche d’emploi). J’étais là avec mon chum de l’époque et juste le volet « chum » pourrait être une très longue histoire, mais ce sont des souvenirs dont j’aime moins me rappeler… J’ai appris bien des choses cet été là! On allait au Food Bank, on s’infiltrait dans la cuisine du Boot Pub Hostel pour faire notre bouffe, on lavait notre linge dans les hot tubs des millionnaires avec du shampoing de ma job d’housekeeper… On laissait sécher notre linge dans les arbres. J’me levais le matin et j’me brossais les dents dans la rivière, mangeais peu importe ce qu’on avait trouvé au food bank et j’allais travailler.»


Tout ce dur labeur, tous ces moments difficiles ont cependant fini par payer. Marie-France se rappelle toujours de la première journée qu’elle a enfin pu passer sur le glacier. Tous les efforts qu’elle avait déployés prenaient soudainement le sens qu’elle avait espéré en quittant le Québec : Enfin, ça payait d’avoir travailler si dur! «Jai tellement travaillé fort quand j’ai eu ma job que j’me suis donné juste une journée off de tout l’été pour aller rider le glacier. J’ai capoté! J’ai eu le pire coup de soleil dans la face, mais j’ai tellement eu de fun. C’est cette journée là qui m’a convaincue de retourner finir mes études pour ensuite déménager à Whistler pour un bon bout.»


Au-delà de la neige quasi éternelle et des paysages à couper le souffle, le déménagement de Marie-France dans l’Ouest, c’est aussi l’adoption d’un style de vie: vivre sa passion un peu plus tous les jours et l’intégrer à tout ce que l’on fait. «La priorité là bas est le snow, passer du temps sur la montagne et non le salaire d’une job sérieuse. Je trouvais ça tellement cool de voir un gars avec ses souliers noirs cirés et chemise blanche qui s’en allait travailler au resto sur son skate dans la rue. Alentour de moi au Québec, rares sont ceux avec qui je partageais la même passion à ce niveau-là. »


Cependant, l’adoption de ce mode de vie est impossible sans certains sacrifices : « J’ai totalement laissé mon plan de carrière initial de côté pour déménager dans l’ouest. J’ai sacrifié un stage de recherche sur les hippocampes en plongée sous-marine aux Philippines pour pouvoir aller au US Open. Je ne le regrette pas. Et je pourrai toujours le faire plus tard… »

Crédit photos : David Lang / RedBull Photofiles, Jianca Lazzarus, Miguel Massé.