Entrevue avec Louif Paradis

À l’intérieur d’une seule année, Louif a fait couler beaucoup d’encre. Cet athlète, qui maîtrise les rails comme pas un, s’est vu inclus et/ou remporter certains des plus grands paliers du monde du snowboard, tels ; le 13e Transworld Riders Poll Awards, les X Games Reals Snow 2012 et 2013, le The Reels Festival 2012 en Europe, les X Games Real Street 2013, le Top 10 des vidéos parts selon Transworld, le Top 10 des meilleurs trucs selon Transworld… en plus de figuré dans des films, dont Nowamean Snowjob, BroFac Hungry, Almo 1000 Bornes, Ashbury Skijump, et Deja Vu. Pas pire portfolio pour une seule année, wow!

Nom : Louis-Félix Paradis Lemieux
Date de naissance : 23 Septembre 1986
Lieux de résidence : Lac-Beauport, QC
Commanditaires : Salomon, Bonfire, Ashbury, Dakine, Nuclear, Boutique du skate, Mizu, Poler, Drink Water, Leatherman, Le Relais

Salut Louif! Tout d’abord, par quel nom préfères-tu que l’on t’appelle ? Louif ou Louis-Felix ?

– Louif est plus naturel maintenant, Louis-Félix quand c’est plus officiel.

Depuis combien de temps chausses-tu tes pieds dans une planchouille, et qu’est-ce qui t’a amené sur ce sport ?

– J’ai commencé en 5 ou 6e année. Ça doit faire 15 ans. J’ai commencé le snow parce que mes parents nous ont beaucoup amenés glisser quand on était jeunes moi et mon frère. Assez vite on voulait se mettre debout sur le traineau alors un jour on a eu chacun un Black Snow. Cet été-là on a commencé à faire du skate et l’hiver d’après on essayait un vrai snowboard.

Est-ce qu’il existe un lieu, une personne ou un moment dans ta vie qui, à ton souvenir, aurait été marquant dans la progression de ton talent sur un snowboard ?

– Quand j’ai commencé à rider avec Laurent-Nicolas, Ben Bilocq, Nic Sauvé à Stoneham et qu’on a commencé à filmer avec Will et Charles Demers.

Comment te sent tu de savoir que tu es un des meilleurs rider de street/rail/jib au monde ?

– Je ne pense pas vraiment à ça. J’essaie de faire de mon mieux et de m’améliorer tout le temps, c’est plus sur ça que je me concentre.

Parle-nous de ton commanditaire majeur, Salomon, avec qui tu es épeulé depuis bon nombre d’années.

– Ça commencé l’année de Bandwagon, c’était la première année que je prenais des photos avec Oli Gagnon et il a parlé de moi à son ami Emanuel Krebs, qui dirigeait Salomon à ce moment-là. L’année d’après, j’avais un petit contrat et tranquillement j’ai fait ma place. Après ma partie dans le film These Days de Transworld, Java Fernandez m’a demandé si ça me tentait d’être sur le pro team! Depuis ce temps-là j’ai une très bonne relation avec eux. Il y a deux bureaux principaux avec qui je travaille. Un à Portland en Oregon où est basé Bonfire. C’est de là que se fait tout le marketing. Je connais tout le monde là-bas et ce sont tous de bons amis maintenant. Chaque fois que je vais à Portland, je passe mon temps avec eux. Sinon il y a la maison mère de Salomon qui est basé à Annecy en France. C’est là qu’ils développent les produits et font la plupart des graphiques. Je suis en contact très souvent avec ces gens là aussi pour parler de boards, fixes et bottes et graphiques. Tout le monde là-bas est très cool aussi et ce sont tous des gens qui vivent dans les montagnes et rident.

À quoi ressemble une année dans la vie de Louif? Est-ce que tu shoot du snowboard toute l’année, ou est-ce que tu te fais bronzé les jambes sur les plages du Costa Rica tout l’été ?

– La saison commence en septembre, on va dans un pays où il y a de la neige pour shooter le catalogue Salomon. Ensuite, un autre voyage comme ça en octobre pour Bonfire. En novembre, mes amis et moi allons 2-3 semaines au Colorado pour nous remettre en forme et retrouver nos jambes. Après ça, la saison commence non-stop jusqu’en mai. C’est ensuite que je me repose un peu. Souvent, je pars en voyage sac à dos avec ma blonde. En juillet-août, je vais au mont Hood une ou deux fois pour rider High Cascade, et après ça recommence. Dans les temps morts, je fais du skate, du vélo de montagne, je m’occupe de mon terrain, etc.

Vois-tu aujourd’hui le snowboard comme un vrai travail ? Ou est-ce toujours un truc que tu aimes faire et que les sous arrivent tout seuls en même temps ?

– C’est mon vrai travail, mais je suis chanceux d’avoir des commanditaires qui me laisse faire ce que je veux et même les petites choses qui ne me font pas triper sont très faciles comparé à d’autres « vrais travails ».

Parlant de travail… y parait que tu viens de te partir un brand dans l’industrie du snowboard? Peux tu nous présenter c’est quoi le projet de ta nouvelle entreprise qu’est Nuclear ?

– Les gars de Ifound m’ont approché il y a un an environ et m’ont demandé si ça me tentait de partir une nouvelle compagnie avec eux. Une marque à mon image, et que je pourrais prendre à peu près toutes les décisions concernant le team, les produits, etc. Alors j’y ai réfléchi un peu et je suis revenu les voir avec plein d’idée et ça a démarré. On s’est arrêté sur le nom Nuclear qui est en quelque sorte une satire. On commence par faire des tuques, casquettes, chapeaux, t-shirts, chandails, chemises, bas et accessoires.

Comme tous les pro-riders, tu as voyagé beaucoup dans le monde. Quels pays et aussi quelles montagnes t’ont laissé les plus beaux souvenirs ?

– N’importe quel centre de ski sur Hokkaido au Japon est incroyable en janvier-février. Un en particulier est Asahidake.

La bonne adresse… peux-tu nous recommander un endroit de ton coin (hôtel, restaurant, boutique) ?

– La boutique du skate parce qu’il amène un vent de fraicheur à Québec. Du bon monde, ils sont là pour les bonnes raisons et ils rassemblent la scène, surtout de skate, mais aussi tranquillement de snow. Aussi je recommande le snowpark du Relais. Pascal, Julien et tout le monde là-bas savent ce qu’ils font.

Comme nous tous, tu dois avoir un film de snowboard favori de tous les temps. Pour toi c’est lequel ?

– Decade par Mack Dawg. C’est le premier film de snow que j’ai eu et le seul que j’avais pendant un bout, alors je l’ai regardé mille fois. C’est lui qui me rappelle le plus de souvenirs et de sentiments.

Le snowboard, le ski… apparemment que les chiffres des ramasseux de profits du milieu de la glisse ne grossissent plus autant que les dernières années magiques du sport, là où tout le monde s’en mettait plein les poches sans trop d’effort. Honnêtement, un pro-rider actif de nos jours en pense quoi de toute cette presse négative sur notre sport ?

– C’est juste drôle des fois d’entendre des histoires du passé et de savoir comment le monde vivait large y’a quelques années. Si on peut avoir des bonnes saisons avec beaucoup de neige un peu partout ça aiderait. Mais ce n’est pas quelque chose qui me préoccupe énormément. Je ne suis pas vraiment business au départ, c’est plus rider et voir le riding que l’industrie qui m’intéresse.

Parlant de sujets sérieux dans le snowboard, quelle est ton excitation face au snowboard slopestyle aux Jeux olympiques de Sochi 2014 ?

– Entre peu et nulle. Quand ça va arriver, j’vais les regarder, mais en attendant ce n’est pas quelque chose à quoi j’ai hâte. J’espère juste que quelqu’un qui a du style va gagner.

Si Louif avait un jeune enfant dans l’âge de commencer le sport de glisse, crois-tu que tu le partirais directement sur une planche à ta station locale ?

– Surement, en même temps je ne voudrais pas forcer les choses…Je ne suis pas certain.

Tu es un king des rails. Mais que penses-tu
– Du slopestyle : C’est le fun
– Du big air : On voit pas mal tout l’temps les mêmes trucs un après l’autre en compétition.
– Du freeride : Le best.
– Des courses (sbx et alpin) : J’aimerais faire des courses comme le Bank Slalom et le Dirksen Derby. Les bottes dures et les gates, non merci. En général, je préfère rester loin des horaires et des règlements.

– – – Questions posées par les membres – – –

Étant un rider de street , que pense tu des doubles et triples cork ?

– Je respecte les gens qui en font et j’aimerais peut-être ça en essayer un ou 2 dans la poudreuse, mais j’aime encore mieux voir des beaux 540-720-900 faits avec style, comme Mikkel Bang ou Nicolas Muller par exemple.

Comment prends-tu que Frank April t’a battu au Real Snow ?

– Dans le font y’avait 2 volets à la compétition. Le choix du public et le choix des juges. Frank a gagné le choix du public et moi la médaille d’or avec les juges alors je suis vraiment content qu’on ait gagné chacun quelque chose. Pour être honnête ça m’a un peu fait chier qu’il me batte dans notre round, mais après j’étais très content pour lui!

Comment c’est d’être aux X-Games ?

– C’est ben l’fun, et oui c’est télévisé partout et tout le monde sait c’est quoi, mais personnellement ce n’est pas ça qui me fait tripier le plus dans la vie. J’aime encore mieux rider avec une coupe de chums et avoir une bonne session à un beau spot avec personne autour. C’est clair que c’est une belle expérience par contre et je suis vraiment content d’être invité depuis 3 ans!

Merci pour cette entrevue Louif. Moi personnellement ainsi qu’au nom de l’équipe des collaborateurs de SnowboardQuebec.com te souhaitons longue vie dans le snowboard. Depuis plusieurs années, tu es un bel exemple pour nous et pour la jeune relève, alors continue de faire ta passion en t’amusant et de représenter notre coin de pays en même temps!

Photos par Alexis Paradis, le frère de Louif.